• J'aurais pu avoir une enfance normale, comme toutes les autres, si je n'avais pas développé au fil du temps un trait de personnalité très particulier. C'était plus une peur qu'une marque de caractère, en fait. Une peur de plus en plus présente et persistante à mesure que je grandissais, de centimètre en centimètre. Quand j'avais fait part de cette crainte à une amie, en primaire, elle m'avait regardée bizarrement et avait éclaté de rire. Je ne lui avais plus reparlé. A quoi bon ? Elle était bête. Cette peur, j'ai eu beau la repousser au fond de moi, la tasser, l'écraser, elle revenait de plus en plus fréquemment. J'avais peur du quotidien, de la monotonie, d'être comme tout le monde.

Je ne sais pas vraiment quand je m'en suis rendu compte. Peut-être était-ce du à mes parents stéréotypés. Tous les matins, ils mettaient leur réveil à sept heures, mangeaient leur petit-déjeuner, vérifiaient que j'étais bien réveillée, se lavaient les dents, s'habillaient. Mon père embrassait ma mère, et partait au travail. Puis ma mère m'emmenait à l'école. Le soir, toujours le même manège. Je pense que l'élément déclencheur réside dans une journée banale, alors que j'avais fini mon contrôle avant mes camarades. J'avais réfléchi sur tout et rien, puis mon esprit s'était tourné vers mon avenir et la vie. Les vacances étaient toujours les mêmes de la primaire au lycée, à quelques jours près. Une année scolaire, deux moi de vacances, la rentrée, une année scolaire, deux mois de vacances, la rentrée. Puis où allais-je aller ? A l'université, ou à la fac. J'allais suivre des études, dénicher un travail, peut-être grimper dans la hiérarchie, me marier, peut-être avoir des enfants, aller à la retraite, mourir. C'était d'un fade écœurant. Mes parents avaient ri quand je leur avais fait part de cette pensée. Mon père m'avait ébouriffé les cheveux, et ma mère dit que l'avenir nous réservait parfois des surprises et qu'on n'était sûr de rien.

Mais je n'étais pas convaincue. Il fallait que je me démarque des autres, et ce besoin grandissait de plus en plus sans que je ne puisse le réprimer. Ma vie au Japon était désespérément vide de sens. A ma dernière année de primaire, j'ai fait plusieurs expériences. Je changeais de genre vestimentaire très fréquemment. Pas toutes les semaines ; ce serait un cycle régulier, et je serais tombée dans le piège de la monotonie. Mes camarades ouvraient de grands yeux à chaque fois que j'adoptais un look bizarroïde. Mes parents m'avaient toujours gâtée, alors ils me laissaient faire, légèrement inquiets quant à ma santé mentale. Au collège, mes cheveux prirent diverses tailles et formes, de plus en plus saugrenues. Je changeais de trajet tous les jours pour rentrer chez moi, quitte à faire d'immenses détours.

Ne vous l'avais-je pas dit ? Je suis bizarre.

Mais je sentais que tout cela était vain. Cela n'y changeait rien. J'étais emprisonnée dans la normalité. Mais je ne m'avouai pas vaincue ! Kazumi Minamoto ne pouvait s'y résoudre ! A ma dernière année de collège, je fis part à mes parents de mon désir de changer de ville, d'environnement, et tout le tralala. J'étais née à Nagoya. Ils refusèrent en bloc, mais j'insistai tant qu'ils acceptèrent à condition que j'aille dans un pensionnat et que je revienne tous les week end. Je me séparai d'eux et de leur quotidien effrayant sans mal, et ne revins qu'une fois par mois. Au bout de six mois, j'étais plus que lassée. Je réussis à changer d'établissement en cours d'année, et appris diverses langues. Je fis des petits boulots, gagnant de cette manière un argent de poche consistant. Je voulus partir à l'étranger. J'eus extrêmement de mal à les convaincre, mais j'y parvins. Je partis dans une académie suédoise (ne faisons pas comme les autres !) pour ma dernière année de lycée. J'eus plus de mal à m'intégrer que d'ordinaire, le temps que je m'habitue à la langue, au programme différent et à la culture suédoise. Mais je reçus un coup de fil de ma mère en milieu d'année scolaire. Elle exigeait que je revienne de suite, sans me donner d'explications. Je refusai, pensant qu'elle ne mettait en cause mon autonomie que maintenant. J'eus une violente dispute téléphonique, et je finis par lui raccrocher au nez après l'avoir traitée d'irresponsable puérile, incapable d'admettre ma majorité très prochaine, qui a toujours eu tout ce qu'elle voulait dans sa vie en dépendant des autres, et perdue dans un quotidien désespérant. J'étais vraiment très en colère à ce moment là. Pourtant, il en faut beaucoup, pour m'énerver ! Remontée comme pas deux, je finis mon cursus scolaire sans prendre la peine de répondre aux incessants coups de téléphone de ma mère. Ceux-ci s'interrompirent soudain, un beau jour, et j'en étais soulagée. Visiblement, ma génitrice avait enfin compris ce que j'avais voulu lui dire malgré mon agressivité !

Je décidai de retourner au Japon pour les vacances d'été. Après tout, je les aimais bien, mes parents, même s'ils ne se rendaient pas compte de l'erreur dans laquelle ils étaient plongés. Mais une bien grande surprise m'attendait. Aucun de mes parents n'avaient de frères ou sœurs, aussi n'avais-je ni tantes, ni oncles, ni cousins. Il ne me restait plus que deux grand-parents. Un avait l'Aizhaimer et l'autre était à l'hôpital constamment, dans un état proche de la mort. En bref, à part mes deux parents, je n'avais pas de famille, et c'était pareil pour eux. Ma génitrice n'avait jamais eu énormément d'amis, que des collègues de travail dont elle se plaignait tout le temps. J'étais, avec mon père, tout ce qui lui restait.

Cela explique certainement les raisons de son suicide. J'aurais du racheter un portable quand j'avais cassé le mien, peu après l'arrêt des coups de fil de ma mère. Mon père était décédé dans un accident de voiture et j'avais certainement ignoré les appels à l'aide désespérés de sa femme. Un sentiment de culpabilité sans pareil m'envahit. Ma querelle avait eu beaucoup plus d'impact que je ne l'avais pensé. Comment avais-je appris tout cela ? La maison m'avait été laissée de droit, et ce fut mon voisin qui m'informa quand je le croisai. Je mis l'établissement à la vente après avoir pleuré pendant deux jours consécutifs. Mais se laisser abattre était la dernière chose que j'avais à faire. La peine me serrait la gorge. Allez, encore quelques jours à pleurer et à réfléchir sur ma situation. Bon. J'avais une somme importante d'argent avec moi. Je n'avais aucun ami proche, ayant sans cesse changé d'école. Que me restait-il à faire ? Continuer mon périple. Mon bac avec moi, j'essayai un cursus scolaire qui ne me plut pas du tout. Hantée par le souvenir de ma cruauté alors que j'avais à présent 19 ans, j'allai à Londres, dans l'académie Sweenton Edge, et décidai d'y rester. Voyager à travers le monde ne m'aidait pas à m'extirper de ce piège. Je me tournai vers le paranormal. Je lus nombre livres fantastiques, aimant à croire que les vampires, les lycanthropes, les sorciers, et toutes ces créatures fascinantes existaient.

• C'EST QUI QUIII ? C'est Giffy C'est Shii chaan x3 Alors j'ai considérablement rajeuni Ai Otsuka, gomen ==' (bah 6 ans et demi xD de plus ou de moins XD) Mais je voulais qu'elle aille à l'académie alors bon >.<