•Story of my Life | Lies I Have Created [BEFORE]

« - Quoi ?!
- Je suis enceinte, maman, j’attend un bébé !
- Mais Alice ! Tu n’as que seize ans !
- C’est ma faute, Mrs O’Connor, j’aurais dû…
- Laisse là, Jack, elle n’est pas capable de comp…
- Ca suffit ! Jacob, allez-vous en ; Rose, calme-toi ; et toi, Alice, j’aimerais des explications un peu plus claires !
- James…
- C’est bon, maman, j’étais consciente du risque… »


Voilà où commence mon histoire –au fin fond de l’Ecosse. Suite à cette conversation, ma jeune mère fut littéralement éjectée du foyer familial. Il y a environ cent vingt-cinq ans, une femme enceinte sans être mariée était une honte, considérée comme impure. Je me rend compte qu’au XXIème siècle, c’est devenu une banalité –plus vite tu es maman, plus vite je peux te laisser tomber, et débrouille-toi toute seule. Alice O’Connor alla donc vivre à Londres avec mon père, Jacob Johnson. A l’époque, elle avait seize ans et lui vingt. Elle n’était qu’une enfant et, croyez-moi, c’était une foutue erreur de m’avoir mis au monde.

Je naquis avec un mois d’avance. La surprise manqua de tuer ma mère, et moi par la même occasion. Je ne sais pas d’où viennent mes prénoms. Ou, du moins, je ne sais plus –le nom d’Ennis Thomas me revient souvent à l’esprit sans que je puisse mettre un visage sur lui, ni me rappeler qui cet homme était. Mon enfance est une période floue pour moi, elle s’est complètement effacée de mon esprit. Comme si un voile noir se tenait devant et m’obscurcissait la vue. Parfois, des sons me reviennent. Un appel au secours, la plupart du temps. Si ça tombe, ce n’est qu’une invention de mon imagination.

Je retrouve la mémoire à l’âge adulte. Je ne devais pas avoir plus de vingt-cinq ans. Une jolie jeune femme riait tandis que je la prenais en photo avec cette espèce de bloc de briques que nous avions à l’époque –depuis plus d’un siècle, j’ai ce goût prononcé pour les clichés en tous genres. Quand je pense que maintenant, il existe des objets de même pas cinq-cent grammes avec lesquels on peut téléphoner, jouer et… photographier. Ah, ces téléphones portables ! Bref, je m’égare. J’étais donc avec cette jeune femme dont je n’oublierai jamais le nom. Haley Smith. Prénom moderne et très peu courant en ce temps là, surtout orthographié de la sorte. Il était juste pour elle, unique. C’était elle, ma femme, la porteuse de l’enfant que nous aurions un an après la prise de cette photographie.

Je me vois aussi avec un homme d’à peu près mon âge, avec lequel je regardais passer les filles en sifflant –à l’horreur d’Haley et au désespoir de mes parents. Il était mon meilleur ami. Il s’appelait Yuri Gregovitch, il était russe, je pense. Sa nationalité ne me revient pas, j’agis avec toute ma logique. Il était comme un frère, un foutu frangin, avant sa mort. Il avait deux ans de plus que moi, il avait vingt-huit ans. Je m’étais rendu fou de joie à notre endroit préféré, là où, depuis nos dix ans, nous nous rendions chaque jours. Une place reculée au fin fond de la forêt, près d’un ruisseau où nous nous amusions à lancer des cailloux. Je l’ai retrouvé mort. Je ne sais toujours pas qui a fait ça. Je me suis assis là plusieurs heures et ai pleuré, pleuré. Je devais lui annoncer une bonne nouvelle : j’ étais officiellement papa depuis quelques heures d’une petite Judy.

Les deux années qui suivirent se sont complètement effacées. J’ai l’impression que seulement le plus marquant m’est resté, le reste est comme un trou noir.

J’étais allé rendre visite à mes parents pour les deux ans de Judy. Lorsque j’arrivai devant la maison, je me sentis mal et j’ordonnait à ma femme de retourner chez nous avec la petite. Quand j’avais le sentiment que quelque chose n’allait pas, il était très rare que mes soupçons soient faux. Je pris mon courage à deux mains et poussais le battant de la porte.

..Flashback..

La porte grinça. Normal, vu l’état de la demeure. Ce que je vis me laissa bouche bée. On aurait dit qu’un cyclone venait de tout dévaster. Le tableau, au fond du couloir, était de travers. Les cadres normalement accrochés au mur étaient brisés, au sol. J’avançai prudemment et là…

Ma mère gisait au sol, ensanglantée. Mon paternel était agenouillé auprès d’elle et la… bouffait littéralement. Il n’y a aucun mot plus clair. J’étouffai un cri. Jacob Johnson se tourna vers moi, sa femme l’intéressant tout d’un coup nettement moins. Il montra les dents et s’approcha de moi.

L : « Papa ? Qu’est-ce que tu fais… tu… maman… MAIS T ES COMPLETEMENT FOU MA PAROLE ! »

Mais que faisait-il ? Que lui arrivait-il ? A ma connaissance mon père avait toujours été… végétarien… et donc ça diminuait les chances qu’il soit devenu cannibale du jour au lendemain. J’ouvris de grands yeux lorsqu’il me sauta dessus. Qu’arrivait-il à mon père ?! Je me débattis du mieux que je pus.

..Fin du Flashback..

Start Again | A Brand New Name [AFTER]

Je me réveillai dans mon lit, persuadé d’être mort, baigné d’une lumière aveuglante. Je dus m’y reprendre à plusieurs fois avant d’arriver à ouvrir les yeux. Je me sentais bizarre et j’avais une fichue migraine. Les odeurs, les bruits, les couleurs étaient plus… forts. Mais la pire des impressions était probablement cette soif à assouvir, cette brûlure qui me tenaillait la gorge. Cette envie de sang et non pas d’eau. Je me levais et descendis les escaliers avec beaucoup de mal.


H : « Dieu soit loué, Lucas… »
L : « Combien de temps ? »
H : « Oh, bon sang… »
L : « Combien de temps j’ai dormi ? » m’énervais-je.
H : « Quatre jours.. mon Dieu, Lucas. »
L : « QUOI ?! »

J’étais beaucoup trop énervé à mon goût. Je n’avais jamais crié sur Haley. Je n’avais plus envie de rire –étonnant, très étonnant. Et j’avais… envie… de ma femme. Mais pas dans le sens dans lequel vous pensez. Non. j’avais envie de la…

H : « Tu ne respirais plus, ton cœur ne battait plus, je te croyais mort ! Ta mère est morte, elle s’est fait égorger, et ton père a disparu. Et puis tu étais… blessé. »
L : [b] « Allons, Haley, c’est ridicule, je n’ai… absolument rien. »
H : « Là est le problème ! Tu étais mort, enfin on te croyais mort, et tes blessures ont cicatrisé… à une vitesse… folle. »

A ce moment, Judy pleura dans la pièce voisine. Je ne tins plus. J’attrapai le bébé et ma femme et… je ne raconterai pas les détails.

Lorsque je me rendis compte de ce que je venais de faire, de l’acte irréparable que je venais de commettre, je tombai à genoux. J’étais incapable de pleurer. On aurait dit que j’étais desséché. Je me levai et partis, laissant les restes là où ils étaient. Je n’aurais pas supporté de rester une minute de plus.

Vous vous rappelez que je vous avais parlé de pousser les humains au suicide ? J’ai essayé beaucoup de fois de me nourrir de sang animal, je me dégoûtais moi-même, mais je n’ai jamais réussi à m’en contenter. Je ne voulais plus tuer d’humains, alors je repère des victimes qui dépriment et les envoie se pendre. J’ai une petite préférence pour ceux qui se taillent les veines. Haha, je riais. Ou pas.

Je ne me suis pas tout de suite rendu compte de ce que j’étais. Je l’ai su après avoir rencontré un vampire qui m’a salué comme son « compatriote de race ». Je l’ai regardé, levé un sourcil et lui ai demandé sèchement de quoi il voulait parler. « Mais tu es un vampire, et j’en suis un aussi, alors tu es mon compatriote l’ami ! », qu’il m’a répondu. Au début je ne voulais pas le croire, mais tout était si clair que c’est à peine si je ne m’étais pas étonné de n’y avoir pas pensé directement.

Je me suis mis à me haïr encore plus, à haïr les vampires comme les lycans, avoir des envies de solitude. Depuis ce jour je ne suis qu’un pauvre fou travaillant comme photographe pour un magazine de jeunes, cherchant des victimes prochaines. Les adolescents sont toujours meilleurs, je trouve... bref, je crois en avoir terminé. Je ne tiens pas à vous révéler toutes mes faces cachées.