Niveau réplique, je n’avais pas été fameux. La preuve, elle le prit sur le mauvais ton, plus ironique qu’autre chose. Elle me répondit une phrase qui ne me revint pas, étant un peu trop dépressif pour penser que ma personne était « illustre ». Bref, je ne pris pas la peine de lui répondre, conscient des humains autour de nous mais aussi de sa vieillesse. Je pouvais faire le malin, je n’arriverais pas à grand chose avec une vieillarde comme elle. De toute façon, elle n’admettrait jamais sa part de responsabilité dans l’histoire, et moi non plus. Voilà ce que ça donnait quand deux sales caractères se rencontraient… enfin, je n’en savais rien. Peut-être était-elle très gentille. De toute façon, je ne voulais pas le savoir. J’avais juste envie de me casser vite fait, bien fait, mais elle n’hésiterait probablement pas à me suivre. Le mieux était de rester là et la laisser causer aux murs.


C : « C'est plutôt toi qui a de la chance jeunot. Ça se voit sur ton visage que t'es pas vieux niveau Vampire. »

Hein ? Comment m’avait-elle appelé ? Pouah, je rêve. Elle était peut-être d’un, voire de deux siècles plus vieille que moi, mais ce n’était pas mon genre de me laisser appeler « jeunot » sans répliquer ! Et au diable le respect des personnes âgées ! Non mais…


L : « Je suis assez vieux pour savoir de quoi je dois avoir peur. Personnellement, la vieille, tu me fais pas si peur que ça… et ma conscience me hurle de te frapper, ce que je ne ferai pas, étant donné que je ne suis pas assez bête pour essayer. Et puis, j’ai mes manières : je ne tape pas les dames, même les plus vaniteuses dans ton genre. »

Et toc, mademoiselle prétention. Je ne sais pas trop pourquoi, mais elle avait une tête qui ne me revenait pas. J’avais la sale impression qu’elle me dévisageait, ou essayait de détecter une quelconque odeur qui émanerait de moi. Mauvaise pioche, madame, j’étais un gros solitaire, et je méprisais les clans. Je sentais moi-même un parfum sur elle que je ne reconnus pas. J’étais persuadé que c’était celle de son clan de fous furieux. Allez savoir lequel des deux c’était.

Elle me posa une question, et clôtura avec un mot de bienvenue. L’antre de l’Enfer. Je la connaissais bien, celle-là. Un jeune homme passa en soupirant juste à côté de moi, l’air abattu. Mes yeux virèrent instantanément au bleu électrique, et je relevai la lèvre supérieure. J’aurais bien laissé tomber ma charmante interlocutrice, mais je n’étais pas lâche à ce point. Ma soif pouvait attendre.


L : « Ca fait à peu près cent-vingt-cinq ans que je traîne mes boulets dans cette foutue ville. L’Enfer, je connais, j’ai eu ma dose… Mais merci quand même. »

Mon Dieu, je venais de lui dire merci. Je devenais vraiment grave, dans le désespoir de la proie qui passe sous le nez sans pouvoir l’attraper. Je me retournai, fixant l’homme de tout à l’heure en essayant de me souvenir de chacun de ses traits. Je le retrouverais vite…