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 Kibou wo miru no wa, Kuroi semai sekai de mo [PV Zero]

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Shina Suzu

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Kibou wo miru no wa, Kuroi semai sekai de mo [PV Zero] Kyo


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MessageSujet: Kibou wo miru no wa, Kuroi semai sekai de mo [PV Zero]   Kibou wo miru no wa, Kuroi semai sekai de mo [PV Zero] EmptyMer 26 Mai - 19:46
      Kibou wo miru no wa
      Kuroi semai sekai de mo

        Kanon Wakeshima - Kuroi Torikago



[Kanon Wakeshima - L'espoir]

    Un bal. Un bal. Croyait-on sincèrement que je comptais y aller ? Cette espèce de fête organisée dans le simple but de me ridiculiser en m'affublant d'une tenue à paillettes pathétique ? Croyait-on sincèrement que le fait de rendre obligatoire cette fête stupide allait me faire céder ? Je savais que le monde ne tournait pas autour de moi, que personne n'avait songé à ma petite personne en mettant en place cette idée, mais j'avais pris cette histoire comme une affaire personnelle. Si j'y mettais les pieds, je perdais contre moi-même. De toutes manières, je voyais mal comment je pourrais m'y résoudre : rien que l'idée de me retrouver dans cette salle remplie d'abrutis qui pétaient plus hauts que leurs culs me révulsait. En plus, je devais avoir un cavalier, et ça m'avait l'air assez difficile. Non seulement je n'avais aucune envie de me rabaisser pour demander à un parfait inconnu s'il aurait le bon vouloir de m'accompagner pour une simple soirée, mais il m'était difficile d'imaginer une réponse affirmative. Peut-être que, si je me permettais un air plus affable, j'aurais une meilleure chance. Mais, si je pensais de cette manière, il ne restait plus qu'un pas avant que je ne me teigne les cheveux pour faire plaisir à tout le monde.

    Renfrognée par cette idée, je tendis mes muscles d'un coup et ratai mon atterrissage. Je poussai un juron sonore et clopinai jusqu'au mur en serrant les dents. Quelle idiote ! Pour fuir une foule que je n'avais aucune envie de voir ni d'entendre, j'avais décidé de sauter du haut de la fenêtre de la chambre que je partageais avec Kei, mais, bien entendu, il fallait que je me crispe au moment crucial de la réception. J'avais du mal à croire que j'étais une réelle vampire, et non pas une pâle réplique incapable de faire un petit saut de rien du tout. J'étais plus contrariée par ma stupidité que par une quelconque douleur : une simple foulure, qui disparut d'ailleurs quelques secondes plus tard. Je repris ma route avec une amertume de plus en plus prononcée contre moi-même. Bon. Ne pas se laisser aller dans l'auto-dérision. Un simple moment d'égarement, ça arrivait à tout le monde, je n'étais pas inférieure aux autres pour autant.

    Je n'avais pas fait deux pas que je m'immobilisai. Bordel. Manquait plus que ça. Pourquoi voulaient-ils absolument être dehors, juste à l'endroit et au moment où j'arrivais, alors qu'ils pouvaient faire ça ailleurs ? Le premier était un homme d'une vingtaine d'années, certainement à la faculté, un sourire en coin. Il était magnifiquement sculpté, grand et juste assez musclé ; il n'avait rien d'un monstre du culturisme mais n'était pas, on le voyait tout de suite, un gringalet. Sa façon de se mouvoir était souple, son visage était d'une beauté renversante. Bref, tous les critères étaient réunis pour faire de lui un vampire. En face de lui, une lycéenne gloussait, les joues roses, obnubilée par sa peau lisse et pâle et son regard sombre, envoûtant. Je me figeai et m'arrêtai de respirer (ce que je faisais d'habitude pour imiter les humains comme pour sentir les odeurs qui m'entouraient). Il ne m'avait pas repérée, visiblement absorbé par la proie qui se tenait face à lui. Combien de temps allait-il encore s'amuser, avant de la dévorer ? Je le regardai plus attentivement. Son regard était rouge vif. Il était assoiffé, voilà pourquoi il faisait preuve d'aussi peu de prudence.

    Je me détournai sèchement. A quoi bon attendre ? L'odeur du sang se répandrait dans l'académie, et mes congénères arrêteraient le coupable dans les plus brefs délais. Mais la fille serait déjà morte. Je la sacrifiais en partant de cette manière.

    Ce n'était pas mon affaire, après tout. Je n'avais rien à voir avec ça.

    Je m'étais mise à courir sans vraiment m'en rendre compte. Je n'eus aucun mal à sauter par dessus la barrière de l'arrière-cour. Je courus jusqu'à être assez loin de Londres à mon goût. Et enfin, je ralentis l'allure.

    Je me trouvais devant un Burger King. D'accord. Chouette. De toutes façons, je n'avais aucune idée de l'endroit où j'allais passer ma soirée. J'allais sûrement vagabonder pendant des heures, puis, vers une heure du matin, rentrer à l'académie tranquillement, sans me presser. La question était : comment allais-je faire pour ne pas (trop) m'ennuyer ? Marcher n'occupait pas l'esprit. Il fallait trouver une activité plus fatigante. Quand j'étais encore humaine, courir était très bien. Ça me vidait la tête. Je regrettais mon humanité pour ça, même si c'était stupide. Courir, tout oublier. C'était tellement facile. Quand on était vampire, on ne pouvait plus fuir.

    Dix minutes s'étaient-elles écoulées ? Ou bien cinq secondes ? Quatre heures, peut-être ? Je n'en savais rien. Mes pensées allaient et venaient sans aucune discipline, certaines disparaissant parfois pour revenir sans prévenir. Lorsque je repris mes esprits, j'étais sur la rive gauche de la Tamise. Clignant des yeux, je regardai autour de moi, assimilant peu à peu l'endroit où je me trouvais. C'était dans ces moments-là qu'on regrettait de ne pas avoir de montre. Et bien sûr, il n'y avait pas d'horloge géante dans le ciel.

    Je me tournai vers le fleuve. Ses eaux sombres coulaient tranquillement, inlassablement, impassibles. Je devais être partie en direction de la banlieue, car bien peu de lumières se réverbéraient sur sa surface calme. Je m'approchai sans réfléchir, poussée par une impulsion soudaine et stupide. J'avais envie de sauter dedans. De nager sans m'arrêter jusqu'à en avoir la tête qui tourne, de boire la tasse une ou deux fois, de me faire remplir les oreilles d'eau pour perdre l'équilibre. Stupide. Insensé. Pensée de lâche. Un rire jaune s'échappa de mes lèvres. Peut-être était-ce dû au fait que je n'avais pas pipé mot depuis plusieurs heures, mais je n'avais pas l'impression que le son que je venais d'émettre m'appartenait.

    Je ne savais pas vraiment pourquoi j'étais en colère. J'étais frustrée. J'avais besoin de frapper dans quelque chose, de hurler, de sentir de la sueur sur ma peau. J'avais rarement eu autant envie de redevenir une pathétique humaine. Plus rien ne me fatiguait : j'aurais bien pu courir, sauter, danser pendant des heures que je me serais sentie aussi calme qu'auparavant. Et puis, il y avait un grand vide dans mon cœur, et j'avais du mal à poser le doigt sur ce qui me manquait. Quelque chose de très volumineux et douloureux, un peu comme celui qui m'avait pesé sur le cœur quand j'avais perdu Kei et John. Mais la souffrance que je ressentais actuellement était plus aigüe, plus... Je n'y arrivais pas.. C'était trop compliqué à expliquer. Ma frustration tirait certainement sa source de cette ignorance.

    Je fis brusquement volte-face. Une odeur de vampire venait de traverser l'air soudainement. Perdue dans mes pensées, je ne m'étais pas rendu compte qu'elle était si proche. Scrutant l'obscurité sans difficulté grâce à mon statut de créature mythique, je haussai franchement les sourcils en reconnaissant la personne qui s'approchait de moi.

    - T'es con, tu m'as fait peur, grommelai-je en détendant aussitôt mes muscles.

    Zero.
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Zero Hidan

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MessageSujet: Re: Kibou wo miru no wa, Kuroi semai sekai de mo [PV Zero]   Kibou wo miru no wa, Kuroi semai sekai de mo [PV Zero] EmptyMer 26 Mai - 21:35
[Super, tu me donne trop d'inspiration mon maour TTwTT ♥️ ♥️ ]

    Voilà depuis quelques jours que l'Académie était en effervescence. Leur travail allait porter ses fruits, et leur minable bal aurait lieu. Quel pathétique situation. En effet, étant de colle, j'avais dû.."aider" ceux qui préparaient la salle. En fait je m'étais juste barré, de honte, de colère peut-être. Comme tout le monde avait peur de moi, ce n'était pas bien difficile...Mais voilà que maintenant, cette satanée réunion était obligatoire. Inutile de dire qu'il était hors de question que j'y aille, bien que les demandes à mon égard avaient été nombreuses, hélas. Je désirai être seul, encore et uniquement dans une solitude profonde et désespérée. Mais maintenant que Shina et moi étions reliés l'un à l'autre, je ne pouvais me séparer d'elle longtemps, vu que sa sœur me tenait à l'œil, je devais en faire de même avec Shina.

    M'habillant en un éclair, sans chercher à me changer de d'habitude, j'entrais les mains dans mes poches, ma chevelure descendant contre mes yeux. Faisant comme si de rien n'était, j'arpentais avec lenteur mais détermination le couloir des filles de la section du lycée. Que faisait-elle en ce moment précis ? Elle au moins ne gloussait pas à l'idée de se promener avec une robe de princesse...Du moins je l'espérais. J'avoue, l'impression me préoccuper autant du sort de quelqu'un était une sensation étrange. Bien que je ne me centrais jamais ou si peu, m'occuper de quelqu'un d'autre me..réconforter ? Cela comblait un vide présent depuis trop longtemps.

    Un rapide passage dans la chambre des Suzu m'appris qu'elle était sortie, et Kei absente. Par la fenêtre ? En effet cette dernière était légèrement entrouverte. Mais cela suffisait pour faire passer le gabarit de Shina, qui était aussi mince qu'un épi de blé. Fermant la porte sans vraiment de délicatesse, je montais sur le rebord, scrutant les environs. Un léger rouge illumina mes pupilles abyssales. J'allais la suivre. Mais autre chose attira mon attention. Une autre odeur de vampire. Ce dernier se trouva être en bas, les yeux rivés contre une étudiante sans doute, l'air ravi et niais. Sans réfléchir, je dégainais mon Bloody Rose de mon gilet, la chaîne émettant un léger trémolo métallique. Je l'avais toujours sur moi, chargé à bloc d'eau bénite. M'accrochant au rebord, je fis un saut vers le toit suivant, sans élan, et durant mon envol, envoyait trois balles dans la tête du vampire. La fille émit un cri strident et s'enfuit le plus vite possible. j'atterris avec force de l'autre côté. Les autres se chargeraient de tout. Au moins, je n'attaquais que..des vampires. Je ne faisais aucun mal; Aucune vie humaine n'avait été soustraite à cause de moi. Remballant tout ce qui était faible signe de fierté quelconque, j'entamais une course discrète derrière Shina. Et cette dernière avait déjà fait du chemin. Il y avait trop de questions sans réponses encore. Pourquoi s'en allait-elle ? Pourquoi n'avait-elle pas tué le vampire ?

    La lueur rouge fila droit comme une torpille, sans savoir vraiment où aller à première vue. Je la suivis, jusqu'à ce qu'elle s'arrête enfin. Nous étions allé jusqu'en banlieue, près de la Tamise, là où l'air était plus frais, et plus pur. Elle observa l'eau avec mélancolie, et je décidai de "enfin" agir. M'avançant vers elle, cette dernière ne reconnu pas immédiatement mon odeur. Scrutant de ses yeux rouges les environs, elle les posa sur moi, tandis que je faisais route vers elle.

    - T'es con, tu m'as fait peur.

    - C'est toi qui est con, répliquai-je avec froideur. Pourquoi es-tu partie ? Dis-je tout en m'appuyant avec nonchalance contre la barrière.

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Shina Suzu

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MessageSujet: Re: Kibou wo miru no wa, Kuroi semai sekai de mo [PV Zero]   Kibou wo miru no wa, Kuroi semai sekai de mo [PV Zero] EmptyJeu 27 Mai - 19:11
[Hakuouki - Ending. <3]

    Zero Hidan. Visiblement, c'était l'absence de cet homme qui avait creusé un tel gouffre de souffrance en moi. Pourtant, je n'étais restée loin de lui pas plus de vingt-quatre heures. Le fait que mon cœur se soit ainsi réchauffé dès l'instant où il avait élevé la voix m'inquiéta. Je n'avais pas encore pris le temps de réfléchir à notre relation, ce qui était très étonnant en soi. Lorsque je commençais à discuter normalement avec quelqu'un, j'avais tendance à penser énormément à cette personne, jusqu'à ne plus pouvoir rester immobile plus de quelques secondes si mes questions insatiables ne trouvaient aucune réponse. Mes interrogations portaient souvent sur la raison avec laquelle j'agissais. Et si je devais m'éloigner de lui ou d'elle avant d'être blessée ou trahie ? Et si j'avais affaire à un ou une enfoiré de première ? Si j'avais tort, en restant près de lui ou d'elle ? Et si je commençais à l'apprécier pour de bon ?

    Zero n'avait pas échappé à la règle, au tout début. Mais j'aurais dû être assaillie de doutes et de peur après que nous ayons eu ce... rapprochement sanguin, dirons-nous. J'aurais dû me jeter sur lui pour lui hurler de ne jamais révéler ce qu'il avait vu dans ma tête, le menacer, le frapper même. Mais je savais qu'il ne ferait rien. Qu'il était trop bon pour vouloir me blesser.

    Je me rassurai en me disant que l'attachement anormal que je lui portais était dû au fait que j'avais vu toute sa vie. D'ailleurs, lui, qu'en pensait-il, de tout ça ? Il n'avait porté aucun jugement sur moi, même après avoir vu ma faiblesse à peine croyable, ma lâcheté et ma stupidité. Il ne s'était pas moqué de moi, ne m'avait pas insultée. De la pitié ? Un certain malaise m'envahit, mais je le repoussai avec force. Je me rendis compte que je m'étais momentanément déconnectée du présent ; le simple fait de cligner des yeux et de voir Zero à nouveau suffit à calmer mes tourments. Juste parler. Parler avec lui. C'était mon seul désir, mon seul souhait. J'aurais pu discuter avec lui jusqu'à la fin de ma vie, j'aurais été heureuse.

    Malheureusement, je me souvins des paroles qu'il m'avait lancées sur ce ton glacial et tranchant. Pourquoi étais-je partie ? Je battis des paupières, cherchant une réponse. Ce n'était pas un besoin de solitude, je le savais pertinemment. Pendant des années, j'avais mis mes escapades sur ce compte, mais je devais l'assumer : je ne tenais pas à rester seule. Je ne pouvais plus me mentir à moi-même. La solitude m'effrayait même, peut-être. Alors, pourquoi ?

    - Euh... commençai-je en fronçant les sourcils. Je voulais pas aller au bal.

    Ma voix se brisa. Il y avait une autre raison. A la base, je ne comptais pas partir si loin dans Londres, juste faire une petite balade le temps que la fête se finisse. J'avais bien ma petite idée sur la raison pour laquelle j'étais partie comme une flèche de l'académie. Normalement, je ne l'aurais pas avoué. Je serais restée sur ces faits en regardant ailleurs, mal à l'aise, et j'aurais rougi si j'étais encore humaine. Mais là, j'avais affaire à Zero. Zero qui avait vu toute ma vie, et avec qui je pouvais partager mes sentiments actuels (en éprouvant une certaine gêne, certes).

    - Y avait un vampire et une fille, marmottai-je en fixant obstinément le sol. Et euh... Je suis... pas intervenue... Alors... J'ai voulu... m'en aller le plus rapidement possible... Pour pas me sentir coupable... Alors qu'elle est morte à l'heure qu'il est...

    Ouh là. Ouh là là. Je n'aurais jamais dû dire ça. La honte se répandit dans chaque parcelle de mon corps. J'avais fui misérablement. Pourquoi n'étais-je pas intervenue ? Je n'en savais rien. De la rancœur contre cette fille qui était encore humaine, ou contre son innocence et le bonheur dont elle bénéficiait sans y prêter attention. Plus j'y pensais, plus je me trouvais ridicule. Je relevai néanmoins la tête et le toisai avec une expression de défi guère convaincante.

    Je pensais soudain à l'amertume qui perçait dans sa voix et à la froideur avec laquelle il s'était exprimée.

    - Pourquoi... Pourquoi t'es en colère ? demandai-je en fronçant les sourcils derechef.
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MessageSujet: Re: Kibou wo miru no wa, Kuroi semai sekai de mo [PV Zero]   Kibou wo miru no wa, Kuroi semai sekai de mo [PV Zero] EmptyJeu 27 Mai - 21:53


    Visiblement, Shina était déstabilisée. Habitué à garder silence et à écouter mon entourage, je ne dis rien, et mes yeux ébènes l'auscultèrent avec froideur. Mes cheveux, un peu trop long à mon goût frôlèrent mes yeux lorsque le vent s'animait avec fougue. L'atmosphère était calme, mais un peu gênée. Shina avait l'air d'être plongée dans ses souvenirs, ou ses pensées, car de temps à autre, elle fronçait les sourcils, ou elle les rabattait avec violence, l'air triste. Moi aussi, je me plongeais dans mes pensées. Elle avait honte; honte de ce que j'avais vu de sa vie, de la souffrance qu'elle avait vécue, de sa "vente" d'elle et sa sœur aux lycans, de toute sa vie. Mais parallèlement, elle avait un regain de bonheur. Kei était apparue pour la sauver, la chérir. Même si ce "John" n'était pas là, elle allait mieux. En y pensant, moi aussi j'avais honte. De ce que j'étais; un monstre, une horreur de la nature, un animal furieux qui avait un jour commis l'irréparable.

    J'eus une désagréable sensation. Je repensais à mes canines parcourant le cou de Shina, l'agréable odeur de sa peau, son parfum irrésistible, son sang au goût si subtil et délicat, ses cheveux de feu me chatouillant mon visage, sa surprise aussi, sa faiblesse, ainsi dans mes bras.

    M'extirpant avec souffrance de ma vision, j'essayais d'accéder au présent. Comme projeté dans le réel, le décor changea pour redevenir une banlieue parcourue de la Tamise, dans la nuit, le ciel dégagé laissant entrevoir les étoiles. Je basculais en avant, posant ma main sur mes yeux, faisant disparaître ce mauvais souvenir. Mauvais souvenir ? J'avais imaginé des choses. J'aurai voulu que nous fassions "plus que ça"; c'était horrible à quel point j'étais stupide et naïf.

    J'entendis à nouveau la voix de Shina, et je lui tournais le dos un instant, pour reprendre mes esprits. Calmé, je faisais le tri dans ses paroles pour essayer de comprendre. Le Bal. Ce satané Bal ! C'était évident qu'elle ne voulait pas y aller...

    - Y avait un vampire et une fille, dit-elle dans sa barbe. Et euh... Je suis... pas intervenue... Alors... J'ai voulu...m'en aller le plus rapidement possible... - Sa voix ne fut plus qu'un murmure - Pour pas me sentir coupable... Alors qu'elle est morte à l'heure qu'il est...

    Je soupirais. Quand est-ce qu'elle aller arrêter de s'en vouloir perpétuellement ?

    - Ne t'inquiètes pas pour la fille. J'ai tué l'autre sangsue. Étonnant pour un vampire de traiter sa propre espèce pensai-je avec colère.

    - Pourquoi... Pourquoi t'es en colère ?

    Je tournais la tête sur le côté. Ses sourcils étaient froncés et elle avait l'air gênée, mais ce n'était qu'une impression.

    - J'en ai marre que tu te sous-estime, dis-je brutalement, le son de ma voix tranchante comme une lame de rasoir.

    Me tournant entièrement vers elle, je m'approchais de la vampire, les mains dans les poches. Ses yeux brillaient parfaitement dans la nuit, et elle devait sans doute voir les miens aussi. Je sortis ma main droite lentement de ma poche avant d'attraper une mèche de ses cheveux. A quoi bon parler ? Le silence était le meilleur moyen pour moi de faire parler mes sentiments. Mes sentiments....qu'est-ce que je ressentais au juste ?

    Ma main effleura son visage, sa peau si douce et son parfum m'enivrant. Mes yeux devaient briller d'un violet inhumain, peut-être un début de soif. Mais j'allais rapidement oublier cela. Je me concentrais à nouveau sur son visage qui était à quelques centimètres du mien, ne pouvant rien dire de plus.


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Shina Suzu

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MessageSujet: Re: Kibou wo miru no wa, Kuroi semai sekai de mo [PV Zero]   Kibou wo miru no wa, Kuroi semai sekai de mo [PV Zero] EmptyLun 7 Juin - 18:17
[EndeverafteR - Tip Of My Tongue]

    Lorsque Zero m'informa qu'il s'était débarrassé du vampire assoiffé en sauvant la fille du même coup, je lâchai un soupir de soulagement à peine audible. Mes muscles se décontractèrent ostensiblement, mais ce répit ne fut que de courte durée. Sans lui, une vie humaine et innocente aurait été perdue pour satisfaire la faim d'un être méprisable. Sans lui. L'adolescente avait beau être vivante, je n'en restais pas moins une lâche doublée d'une imbécile. Dans une poussée de colère contre cette personne qui avait la chance d'être humaine sans en profiter, j'avais passé mon chemin. Zero, lui, n'avait pas fui. Il avait sauvé la victime sans se poser de questions. Preuve que, malgré tout ce qu'on pouvait dire sur lui, il avait un cœur en or. Je serrai les dents, résistant à grand peine à l'envie de me frapper la tête contre un mur. Incapable de soutenir le regard de mon interlocuteur, je dus rassembler mon courage pour reprendre la parole et poser la question qui me turlupinait depuis que j'avais entendu ce ton froid auquel je n'étais pas habituée.

    Sa réponse m'interloqua. Figée, je fixai mon ami sans comprendre. Il en avait marre que je me sous-estime ? Plusieurs réponses indignées s'entrechoquèrent dans mon esprit.

    D'une, je ne me sous-estimais pas. J'étais un être faible, c'était un fait. Euh, non. J'étais trop forte. Oui. Super balèze. Je n'avais jamais dit que je faisais un complexe d'infériorité, d'abord. Ma respiration s'était accélérée. Depuis quand admettais-je ma faiblesse de cette manière ? Depuis quand me lançais-je à tout va que je ne méritais pas de vivre ? Alors que j'avais passé des années à combattre ces pensées parasites ! Elles étaient revenues brutalement, et sans même que je m'en rende compte. Quel avait donc été l'élément déclencheur ? Où était passée ma fierté ? Je n'avais jamais communiqué aux autres mes craintes, alors pourquoi Zero...? Cela devait se voir aussi facilement qu'un nez au milieu de la figure. En réalité, dès que je commençais à discuter normalement avec quelqu'un, il me perçait à jour. J'étais irrécupérable. Et il ne fallait pas oublier que ma vie avait été exposée en détails au vampire qui se tenait face à moi. Et il m'avait comprise. C'était tout de même fabuleux, non ? Il me comprenait. Et vice-versa. C'était encore mieux. Mais je m'égarais.

    De deux, je ne voyais pas pourquoi il devrait s'énerver pour ça. Je ne me sous-estimais pas en disant que je n'avais pas sauvé une âme innocente de la mort. C'était une simple constatation. Dure à avaler, mais une simple constatation. Il en avait marre. Et si... Et si je l'exaspérais ? Et si je l'agaçais, à force de me plaindre ?

    Effarée, je redressai brusquement la tête et cherchai son regard de la même manière qu'un homme à la mer tente d'attraper la bouée de sauvetage qu'on lui lance. Je voulais me rassurer, vérifier qu'il n'était pas parti, que j'avais bien Zero Hidan à côté de moi. Non mais franchement, j'étais d'une idiotie désespérante. Mon estomac faisait des nœuds lorsque je parvins enfin à plonger mon regard dans le sien, noir d'ébène. Sombre mais profond. Que je connaissais si bien. Mais si froid. Paniquée, je ne sus alors quel comportement adopter. Mes bras me brûlaient, et je compris que je ne tenais qu'à une chose : le prendre dans mes bras. Cette pensée me terrorisa. Que m'arrivait-il ? Déchirée entre le désir incandescent d'une simple étreinte et la peur maladive de me faire repousser par ce même ton glacial, je fis un pas en avant et reculai précipitamment.

    « Je ressemble à un cheval effarouché, à aller en avant et en arrière », songeai-je dans une tentative désespérée d'alléger le poids qui me tombait sur les épaules.

    De la fièvre ? C'est ça. J'étais malade. Sauf que les vampires n'étaient jamais malades. Je tâtai fébrilement mon front, mais sa température était normale. A quoi m'attendais-je ? En plus, pour couronner le tout, j'avais l'air d'une parfaite imbécile à me balancer d'avant en arrière en me palpant le visage.

    Se calmer. Respirer : inspirer, expirer. Houuuu. Rester paisible. Tout allait bien.

    J'en avais presque oublié que j'étais censée répondre à Zero. J'avais même du mal à retenir ses paroles. Que m'avait-il dit, déjà ? Oui. Il en avait marre de devoir se traîner un boulet comme moi, c'était ça qu'il avait voulu dire. Non. Si ? Tremblante, je ne pus résister, et je croisai à nouveau le regard du vampire. Aïe. Mauvais. C'était limite si je me jetais pas sur lui. J'avais un problème, un sérieux problème !

    - Pardon... Je... Je me sens pas bien, bafouillai-je, faisant mine de m'intéresser soudainement au flot tranquille de la Tamise.

    En plus, je pouvais même pas servir des excuses d'humaine en prétendant être malade.
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MessageSujet: Re: Kibou wo miru no wa, Kuroi semai sekai de mo [PV Zero]   Kibou wo miru no wa, Kuroi semai sekai de mo [PV Zero] EmptyLun 7 Juin - 20:42
    Shina me fuyait à nouveau. Mais bon sang, qu'est-ce que je désirais à la fin ? Une simple envie qu'elle s'abandonne à moi, ou plus ? Non...je ne la méritais certainement pas et je devais me débarrasser de toute pensée nuisible à ma perception des choses. Et pourtant. Elle qui regardait le fleuve avec mélancolie, m'avait-elle comprise, elle aussi, comme je la comprenais ? Saisissait-elle toutes les faiblesse de ma petite personne ? J'étais rien, je le savais. Et le monstre que j'étais ne méritais pas de vivre. Bien que quelque part, j'avais l'impression d'avoir de l'importance pour un personne. Elle. Oui elle savait ce que j'étais réellement et c'est pour ça que j'avais j'avais des sentiments pour elle. Finalement, c'était moi qui m'était abandonné à elle de la sorte, me laissant aller de plus en plus. Tout me plaisait en elle, et moi...que pouvait-elle donc bien penser de moi ? Que j'étais juste une merde ? Ou faisait-elle ça par pitié ? Elle avait fait un pas avant pourtant, et je sentais que, quelque chose se passait. L'atmosphère était différente de d'habitude, et elle était sans doute gênée de mon comportement soudainement extrême.

    Mes cheveux cachant à nouveau mes yeux, je reculais contre la barrière et murmurai aussi pour moi même;

    - Excuse moi...

    Un profond silence s'installa durant lequel j'essayais d'anticiper mes actions. Elle semblait encore hésiter, puis bredouilla qu'elle ne se sentait pas bien. S'avançant pour sans doute mieux respirer, elle avait l'air vraiment troublée par tout ce que j'avais fait. Je m'approchais dans son dos, entourant son visage de mes bras.

    - Tu es sûre que ça va ?     Soufflai-je dans ses cheveux que je touchais pour la deuxième fois. Je te dérange peut-être ?

    AAAhh. Qu'est-ce que je faisais...je suffoquais à présent. M'éloignant le plus vite possible d'elle, je posais ma main en sueur contre l'arbre le plus proche, la tête vers le sol, la respiration saccadée. Mon tatouage était de plus en plus ancré dans ma chair et j'essayais de me calmer, en vain contre le mal qui me rongait de l'intérieur. Mes yeux devaient ressembler en tout point à ceux de Shina, et mon corps était parcouru de spasmes. M'éloigner. Non, ne pas recommencer...ne...pas...lui faire....de...mal...


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MessageSujet: Re: Kibou wo miru no wa, Kuroi semai sekai de mo [PV Zero]   Kibou wo miru no wa, Kuroi semai sekai de mo [PV Zero] EmptyDim 20 Juin - 9:11
[Serj Tankian - Empty Walls]

    Pourquoi s'excusait-il ? Je clignai des yeux d'un air naïf pendant quelques secondes, puis la colère monta en moi avec une rapidité effarante. Voilà. Moi, je n'avais pas le droit de me prendre pour une sous-merde, mais lui, il se gênait pas ! Et voilà que monsieur se prenait pour un imbécile qui ne méritait pas de vivre ou d'être aimé comme tout le monde ! Mes dents se serrèrent sous l'effet d'un surplus d'émotions. Je fermai les yeux, tentant de séparer et d'analyser chacun de mes sentiments. D'abord, la fureur. Facilement identifiable ; je l'avais éprouvée tant de fois. J'étais indignée, offusquée, que Zero ne voie pas à quel point il était bon, généreux et fort. Qu'il s'occupe autant de moi alors qu'il aurait mieux fait de prendre soin de lui.

    Ensuite venait... ce qui devait être du chagrin. Oh, je le connaissais bien, celui-là. Mais il se manifestait à présent sous une forme que j'avais eu l'occasion de voir plus rarement. Ce n'était pas de la pitié. J'étais simplement triste et peinée de constater que Zero se portait aussi peu d'estime. Il était mêlé à de l'angoisse. J'étais inquiète pour lui. Je savais combien il s'était torturé dans son enfance, en se questionnant sur l'utilité de sa propre existence. Il s'était rongé de l'intérieur, et je ne voulais surtout pas qu'il recommence.

    Et puis... Et puis... Cette espèce de désir incontrôlable et sauvage, que j'avais de plus en plus de mal à réprimer. Mes autres émotions étaient piétinées par ce besoin incandescent, qui me hurlait de me ruer sur Zero et de... planter mes crocs dans sa chair. Quand je m'en rendis compte, je fus secouée d'un frisson. J'étais bien une vampire, pour vouloir son sang. C'était à mourir de rire tant c'était pathétique. Et, de mon point de vue, effrayant. J'avais de la peine à me concentrer, tant il m'obnubilait. Mon esprit comme mon corps étaient tendus vers lui. C'était horrible. Je ne voulais pas lui faire de mal, ou agir comme un simple animal.

    - Tu es sûre que ça va ?

    Noooooon ! Horreur ! Pourquoi me touchait-il, cet idiot ? Avait-il seulement idée de l'effet que ça produisait ? Raide comme un piquet, j'attendis, crispée comme pas deux, résistant à grand peine à l'envie de faire volte-face et de le vider de son sang. J'avais pourtant fait le plein d'hémoglobine, trois jours plus tôt. Je n'aurais pas dû me trouver dans cet état-là. Tremblante, je grinçais des dents. Inquiétant.

    - Je te dérange peut-être ?

    Euh... Tout bien réfléchi, non. Bien au contraire. Si seulement j'avais réussi à apaiser ma soif et ma faim de lui (mon dieu, s'il avait su), j'aurais pu profiter un peu mieux de son contact. Mais là, c'était tout bonnement impossible. J'ouvris la bouche pour répondre, et sa délicieuse odeur me parvint avec une intensité redoublée. Alors, je fus incapable de me contenir plus longtemps. La soif écrasa la raison.

    Refusant catégoriquement de croiser son regard, je pivotai sur mes talons et m'agrippai à son dos comme à une bouée de sauvetage. Je ne cherchai pas à ôter les mèches de cheveux sur mon visage qui m'embarrassaient, tant j'étais avide. Collée à lui, j'ouvris la bouche bien grand, inhalai l'alléchante fragrance qu'il dégageait, et plantai mes crocs dans sa gorge.

    Je bus goulûment son sang, sans plus chercher à me retenir. Heureusement que je n'étais pas dans un état de soif trop important, sinon, j'aurais très bien pu le tuer. Le liquide vermeil dégoulina le long de mon menton, s'échappant de l'ouverture de mes lèvres. J'en voulais toujours plus. Les sentiments récents de Zero m'assaillirent, et je vis avec une précision effarante tout ce qu'il avait fait et ressenti ces derniers jours. Il n'avait pas particulièrement souffert, bien heureusement. Sinon, j'aurais certainement subi la même crise que la première fois.

    Je me détachai de lui en titubant, les yeux écarquillés. Il devait me détester, maintenant. J'en étais certaine. Il détestait les vampires. Je n'avais jamais voulu me repaître de son sang. J'avais voulu l'aider, lui donner le mien pour apaiser sa soif constante, et voilà que je le blessais. C'était pitoyable.

    Je croisai son regard. Terriblement beau, profond mais ne laissant passer aucun sentiment.

    - P... Pardon... Je... balbutiai-je, encore terrorisée par la violence de ma faim pour lui et pas un autre humain.

    Je pris ma tête entre mes mains, sans plus savoir où me mettre.


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MessageSujet: Re: Kibou wo miru no wa, Kuroi semai sekai de mo [PV Zero]   Kibou wo miru no wa, Kuroi semai sekai de mo [PV Zero] EmptyDim 20 Juin - 10:41

    La nuit. Profonde et calme nuit qui éveille la vraie nature des vampires. Jamais, je n'accepterai ce que j'étais et pourtant, en étant comme cela, je serai encore plus un monstre qu'autre chose. Mon ancienne vie était révolue. Je ne le savais que trop bien. L'air était frais, et il amenait à moi la délicieuse odeur de Shina, plus loin. Je m'étais un peu enfui d'elle, je ne voulais pas recommencer à lui faire mal. Me rapprochant à nouveau d'elle, je voyais qu'elle était tendue, crispée dans la pénombre, ses brillants cheveux cachant ses yeux. Elle m'en voulait ? Était-elle en colère contre moi ? Elle se plaqua contre mon dos. J'en fus tellement surpris qu'une goûte s'échappa le long de ma joue.

    - Huum..Shina ?

    La question fus sans réponse. Seul le sifflement de la brise dans les branches des arbres amenaient du bruit à nos oreilles, ballotant paresseusement les roseaux près de l'eau dans un mouvement perpétuel, comme s'ils n'allaient jamais s'arrêter de se balancer. Virevoltant su mon torse, elle ouvrit grande la bouche et je n'eus le temps que d'entrevoir ses canines avant qu'elles ne se plongent dans mon cou. Mon sang coulait dans sa gorge, lui produisant sans doute un plaisir immense. Je devais la laisser faire, après ce que je lui avais fait. Mais, voyait-elle tous mes souvenirs ? Mon sang avait-il bon goût pour qu'elle se délecte autant en le buvant ? Shina savait-elle mes sentiments de plus en plus présent pour elle ? Quand elle s'arrêta, un filet de sang parcourant sa gorge, elle s'excusa, prenant sa tête dans ses mains. J'attrapais alors son poignet avec un rare violence, pour la plaquer contre l'arbre derrière elle.

    - Pourquoi tu t'excuses ? Lui dis-je, les crocs dehors. Après ce que je t'ai fait c'est normal...
    Le silence s'installa, et je repris de plus belle, attrapant son autre poignet, pour le faire glisser dans son dos, la maîtrisant parfaitement. Qu'est-ce que tu a vu Shina ?

    Qu'avais-je à cacher ?


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MessageSujet: Re: Kibou wo miru no wa, Kuroi semai sekai de mo [PV Zero]   Kibou wo miru no wa, Kuroi semai sekai de mo [PV Zero] EmptyDim 20 Juin - 19:48
[On Off - Futatsu no Kodou to Akai Tsumi]

    La tête me tournait. Je plissai les yeux en me mordant la lèvre supérieure, poings serrés. Je posai ma paume sur mon front. Il était brûlant et moite. Depuis quand les vampires avaient-ils des réactions aussi violentes physiquement à cause d'un simple échange de sang ? J'allais m'effondrer sur le sol lorsque je sentis une main ferme m'attraper le bras sans ménagement, et me plaquer par sa seule puissance contre un arbre proche. Je crus que ma tête allait exploser. Était-ce moi ou il y avait un essaim d'abeilles particulièrement bruyant en train de bourdonner à côté de nous ?

    Je dus me concentrer pour comprendre les paroles de Zero. Haletante, les paupières à moitié fermées, je le fixai d'un regard vitreux. Euh... Pourquoi... Pourquoi je m'excusais ? Parce que je m'étais excusée ? Quand ça ? Ah oui. Deux secondes plus tôt. Ouh là. Je commençais à dérailler, il fallait à tout prix que je me ressaisisse.

    Citation :
      C'est étrange, mais, ces derniers temps, je me sens plutôt bien. Oh, bien sûr, je n'éprouverai jamais le même bien-être qu'un humain naïf parmi tant d'autres. Mais je ne me torture plus autant qu'avant. En fait, sa simple présence me purifie. Il suffit que je me dise qu'elle existe, qu'elle est là, bien réelle, à mes côtés, inquiète pour moi - moi, être insignifiant dont l'existence même est futile - pour ne pas me laisser sombrer. C'est un sentiment assez étrange. Notre relation en elle-même est spéciale. Je sais tout d'elle, je la comprends, compatis, et vice-versa...

    Euh... Oui. J'étais dans la tête de qui, là ? La mienne ou la sienne ? Il fallait que je reste dans le présent. Je battis des paupières, chassant de mes pensées l'incident qui venait de se produire.

    - ... je t'ai fait c'est normal...

    Normal ? De quoi normal ? Je clignai une nouvelle fois des yeux, avec le sentiment d'avoir l'air parfaitement stupide. Il ne disait quand même pas que ce que je lui avais fait était normal ? Que je n'avais rien à me reprocher, simplement parce qu'il avait fait pareil avec moi ? La colère s'éveilla une nouvelle fois en moi. Prête à répliquer, j'ouvris la bouche, mais il s'empara de mon autre poignet et m'immobilisa en le faisant passer dans mon dos. Je hoquetai de stupeur. Pourquoi ? Ah. Je le savais. Il me haïssait. En réalité, il pensait simplement qu'il devait rembourser la dette qu'il avait envers moi. Aucune affection, donc. Je m'efforçais simplement de me cacher la vérité, mais là, elle me revenait en pleine face. Avait-il d'abord éprouvé de la pitié pour moi ? Difficile qu'il en aille autrement. Pourtant, malgré l'évidence de ce fait, je crus que mon cœur allait se briser, physiquement parlant. Une boule se forma dans ma gorge et un nœud dans mon estomac.

    Citation :
      C'est une personne bien, j'en suis convaincu. Malheureusement, elle a tendance à se prendre pour une sous-merde. Pas facile de la faire changer d'avis. Il faut dire qu'elle a un caractère bien trempé. Non pas que ça me déplaise. Je me demande d'ailleurs où elle est.

    - Qu'est-ce que tu as vu Shina ?

    Citation :
      Demain, c'est le bal. Va-t-elle y aller ? Je ne pense pas. Pas son genre ! Je ne veux pas m'y rendre non plus. Je n'ai pas envie de voir cette foule de vampires détestables, de lycans stupides et d'humains crédules et influençables. Peut-être ira-t-elle en ville, ou passera-t-elle sa soirée sur le toit...

    - Ah...

    Citation :
      Et voilà, c'est le jour J. Elle vient de partir, nous avons parlé ensemble pendant la pause de midi. Pas une seule fois elle n'a mentionné ce qu'elle allait faire ce soir. Peut-être qu'elle n'a pas envie que je sois là. Préfère-t-elle rester seule ? Ou prévoit-elle d'aller quelque part avec sa sœur ? Ou rejoindre ce... loup-garou... pour qui elle a tant d'affection. Oh, je respecte leur relation, qui n'est que pure amitié. Pure amitié... J'espère. Si ça se trouve, ses sentiments ont évolué depuis que nous avons fait le "partage de sang". L'a-t-elle revu, sans m'en toucher un mot ? Enfin, je n'ai aucun pouvoir sur elle, je n'ai pas à lui demander...

    - Je...

    Citation :
      Le bal a commencé, maintenant. Je suis allée la chercher ; maintenant que j'ai goûté à nouveau à une compagnie constante, j'ai du mal à m'en séparer. Je viens de la voir sauter du haut d'une fenêtre. Elle va sûrement aller en ville. Il y a un vampire, pas loin, je viens de le sentir. Je m'approche. Il est avec une lycéenne - humaine, bien entendu. Je me fige. Elle passe son chemin. Pourquoi ? Je ne sais pas. En tout cas, même si je ne veux pas la perdre de vue, je ne peux pas me résoudre à laisser une innocente se faire tuer par un de ces suceurs de sang...

    - AAAAAAAAAAAAAAAAAAH !

    Je hurlai à m'en vider les poumons, cherchant vainement à échapper à ces flashs puissants de la vie de Zero. Suffocante, je cherchai vainement ma respiration, la bouche grande ouverte. Cette personne, qui était le sujet de toutes les pensées du vampire, de qui s'agissait-il ? Moi ? C'était impossible... Il aurait dû penser à autre chose... La tendresse que je lui portais s'en trouva redoublée ; la sienne se mêlait à la mienne. Mon cœur allait exploser, avec ce surplus d'émotions. Je fus prise d'une quinte de toux dont j'ignorais l'origine.

    Ce ne fut que cinq bonnes minutes plus tard que, pantelante, je parvins enfin à reprendre le contrôle de moi-même. Ma réaction avait été disproportionnée. Étais-je trop fragile pour supporter les sentiments d'une autre personne que moi ? Trop faible ? Comme d'habitude, remarque. Il fallut encore quelques secondes supplémentaires pour que je repense aux questions de Zero. Ce que j'avais vu. Je me tournai tant bien que mal vers lui, le visage ravagé par le doute. J'avais peur de paraître vaniteuse, en m'appropriant le nom de cette femme qui obnubilait mon interlocuteur. Pouvait-il penser autant à moi que je pensais à lui ? C'était difficile à envisager. Et ça contre-disait toutes les déductions que j'avais tirées de sa réaction précédente.

    - Je... J'ai... bredouillai-je, me sentant de plus en plus honteuse d'avoir crié pour rien. Tu... Tu m'aimes ?

    ...................... Ouh. Là. Ouh. Là. Là. Ça prenait un tournant très mauvais. Effarée, j'écarquillai les yeux et refermai bien vite la bouche, me rendant compte trop tard de l'énormité que je venais de sortir. C'était un regrettable malentendu. En plus, ma voix avait prix des intonations remplies d'espoir que je n'avais pas réussies à étouffer complètement.

    - Euh... Désolée, lâchai-je en tentant d'avoir l'air sûre de moi et amusée par la bêtise que j'avais dite. C'est... euh... Enfin... Je ne pensais pas... que... tu vois... enfin...

    Leçon 1 : se taire pour ne pas s'enfoncer après avoir dit une connerie.

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Dernière édition par Shina Suzu le Lun 21 Juin - 18:21, édité 4 fois
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MessageSujet: Re: Kibou wo miru no wa, Kuroi semai sekai de mo [PV Zero]   Kibou wo miru no wa, Kuroi semai sekai de mo [PV Zero] EmptyDim 20 Juin - 21:58
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    Shina poussa un cri, alliant peur et souffrance. Elle avait vu tout ça. Toutes mes pensées tournées vers elle, toute cette attention à son égard. Shina toussa avec violence et je me forçai à la lâcher de mon emprise. Lui tournant le dos, j'attendis qu'elle reprenne ses esprits. Savait-elle vraiment à quoi je pensais ? Ce à quoi je voyais en fermant les yeux ? Une toute petite femme...aux cheveux indescriptibles, au regard à la fois doux mais aussi impénétrable. Passant les mains dans mes poches, je fus surpris de résister autant à ma soif. Je coupais donc ma respiration, évacuant mon envie de lui sauter au cou.

    Tu... Tu m'aimes ?     Me demanda-t-elle en un souffle. Je me raidis comme un piquet. C'était ça alors ? Elle avait compris. Même moi j'avais du mal à laisser s'échapper une pareille émotion. Me tournant vers elle à nouveau, l'observant de mes yeux glacials, elle s'empressa de s'excuser. Bien piètres excuses à mon goût. Son ton était anormal et ses mots bredouillés et entrecoupés par des respirations vives m'arrachèrent un léger sourire "mental". Et maintenant. Qu'est-ce que je devais faire ? M'approcher, l'embrasse ? Oh lààà...je me faisais des idées là...c'était quoi cette nouvelle pensée en désaccord avec le Zero habituel ? Pourquoi je m'imaginais des choses que je n'aurais jamais le droit d'avoir. Mais l'embrasser...sa peau si douce, son sang si....

    Un spasmes me parcouru l'échine. Le silence était retombé. Même le vent ne faisait plus aucun son audible, même à l'oreille d'un vampire. Plus rien de paraissait bouger autour de nous. Qu'attendait-elle de moi ? J'étais en colère contre moi-même, et a la fois tétanisé. J'avais peur de découvrir qu'en buvant son sang, elle n'avait aucun sentiment pour moi. Elle avait prononcé la fameuse question avec une voix tellement bizarre que je ne savais plus où j'en étais.

    Je m'avançais vers, cette fois ci attrapant son poignet avec douceur. Je la lâchais pour placer avec détermination mais non sans lenteur mes mains de chaque côté de sa tête, appuyant mes paumes contre l'écorce de l'arbre.

    - Et toi ? Lui demandais-je avec une voix d'outre-tombe.

    Plongeant dans sa nuque, je déposais un baiser contre sa jugulaire, lécher avec avidité son cou, peu avant de croquer sa chair à pleines dents, aspirant son délicieux breuvage, ne laissant aucune goûte s'échapper. Nous étions liés.

    Je reculais de sa gorge. Au courant désormais de ces pensées les plus secrètes. Approchant son visage d'une main, je l'embrassais avec fougue, nous faisant basculer contre le sol.

    [Zero bisou Shina ♥️ ENFIIIN YOUPI ♥️]



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MessageSujet: Re: Kibou wo miru no wa, Kuroi semai sekai de mo [PV Zero]   Kibou wo miru no wa, Kuroi semai sekai de mo [PV Zero] EmptyLun 21 Juin - 19:10
[Kaichou wa Maid Sama - Ending]

    J'eus quelque peine à redresser la tête et oser croiser son regard. Comme je m'y attendais, la couleur ébène de ses prunelles me déstabilisa, et j'eus envie de mettre ma tête dans le sol (peut-être que les autruches n'étaient pas si stupides, après tout). Mais il me restait un semblant de fierté, même après la bourde que je venais de faire ; aussi m'efforçai-je de garder le dos droit et le menton levé. Les vieilles habitudes resurgissaient, à savoir ne jamais se montrer sous un mauvais jour. Mais c'était un peu trop tard. J'avais subi nombre d'humiliations depuis mon entrée à Sweenton Edge, maintenant que j'y réfléchissais. Entre mes crises de faiblesse physiques et mentales, j'avais l'embarras du choix s'il s'agissait d'en prendre une particulièrement embarrassante.

    Son regard aussi froid que de la glace me fixa avec une expression indéchiffrable. Ouch. Aussi douloureux qu'une bonne dose d'eau bénite en pleine tronche. M'étais-je trompée ? Pourtant, je voyais mal comment la femme que j'avais vue dans sa tête pouvait être une autre que moi. Mais j'avais ce sentiment de doute persistant en moi. La situation était tellement... étrange. Insolite. Déjà que j'avais eu du mal à me faire à l'idée que Kei pût éprouver un semblant d'affection pour moi, imaginer que l'objet constant de mes pensées (si j'y réfléchissais bien...) était obnubilé par ma personne (moi, une sangsue encore plus pitoyable que les autres), c'était... inconcevable. Sûrement était-ce le fait d'avoir vécu toute ma vie en présence de personnes qui me haïssaient, me méprisaient ou me prenaient en pitié.

    Je connaissais bien Zero (Comment aurait-il pu en être autrement ? J'avais exploré les moindres recoins de ses pensées, des anodines jusqu'aux plus intimes), et je savais que ses yeux étaient froids en quasi-permanence, en guise de protection au monde extérieur. Mais savoir que ce regard glacial m'était adressé, c'était insupportable. Mal à l'aise, je fis jouer les articulations de mes doigts avec nervosité, incapable de rester sur place sans bouger.

    Puis, sans prévenir (j'étais à présent habituée à ses réactions imprévisibles), il plaqua ses deux paumes de part et d'autre de mon crâne, sur l'arbre contre lequel il m'avait presque projetée quelques minutes auparavant. J'avais atteint un taux d'adrénaline inquiétant. M'efforçant d'essuyer discrètement mes mains moites contre mon pantalon, je m'appliquai à ne pas le lâcher des yeux.

    - Et toi ?

    Voilà qui ne répondait pas à ma question. Hypnotisée par son visage, j'en oubliai de respirer. J'eus à peine le temps d'inhaler brusquement (j'étais sur le point de m'évanouir par manque d'oxygène) que Zero se pencha en avant. Mon cœur s'emballa, et je compris : il comptait aller chercher directement dans mon corps l'information qu'il cherchait. Je n'eus guère l'occasion de réfléchir plus longtemps ; la sensation de ses crocs dans ma chair me vida de toute volonté de penser.

    Il ne préleva qu'un " petit échantillon " de mon sang ; juste assez pour savoir ce que j'avais ressenti ces derniers jours. Je crus que j'allais mourir d'embarras. Que ce soit réciproque ou non, je n'avais pas DU TOUT envie qu'il sache à quel point le simple fait d'évoquer son existence me mettait en émoi. D'autant plus qu'il allait également être mis au courant de ce que j'avais pensé pendant notre tout récent échange.

    Machinalement, je levai ma main pour couvrir la plaie qu'il venait d'ouvrir dans mon cou. De toutes manières, il ne servait plus à rien d'essayer de se dissimuler. Bien décidée à ne pas le laisser penser que j'étais trop faible pour garder la tête haute, je m'appliquai à le regarder droit dans les yeux, sans ciller, avec un air de défi.

    - Voilà qui répond à ta question, j'imagine, lâchai-je d'un ton aigre, un peu vexée qu'il n'ait même pas songé à me demander directement si - un frisson me parcourut - je l'aimais ou non. Comme si je n'étais pas digne de conf...

    Gné ?

    Les bras encore croisés sous l'effet d'une - bien faible - rancœur, surtout lorsque je la comparais à la tendresse que je lui portais, je ne compris pas tout de suite ce qu'il se passait. Mes pensées avaient été brutalement interrompues par un contact doux et froid. J'écarquillai les yeux. Ses-ses-ses-ses-ses... SES LÈVRES ! Sur-sur-sur-sur... SUR LES MIENNES ! Ma stupeur était telle que je ne réagis pas tout de suite. Après tout, c'était logique. Petite dispute, déclarations enflammées, baiser passionné. Dans l'ordre des choses. M'enfin... M'enfin quand même !

    Encore trop hébétée pour faire un geste, je restai pétrifiée quelques secondes encore. Je sentis que sa bouche se retirait de la mienne. Il rouvrit les yeux. Et là... Je sais pas. Je craquai. Sans réfléchir, j'attrapai fermement ses cheveux et collai sa tête à la mienne. Et puis.. Réflexes d'humain qui étaient restés dans mon corps vampirique... Je déballai la panoplie complète du bisou parfait.

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